L'Antiquité, reflet d'un siècle finissant

S'il était une époque de la deuxième moitié du XIXe siècle que l'on puisse associer, comparer au faste de la période antique, ce serait indubitablement le Second Empire. Dans l'histoire économique de la France, le Second Empire est considéré comme une période décisive, caractérisée par une brillante prospérité et une expansion rapide, marquée par l'essor du capitalisme.

Pour plus de détails sur la vie politique et économique de la France :

Plessis Alain, De la fête impériale au mur des fédérés 1852-1871, Paris, Seuil, 1979

Allem Maurice,La vie quotidienne sous le second Empire, Paris, Hachette, 1948

Paris devint donc le théâtre d'une vie oisive rythmée par des promenades, spectacles et assiduité aux champs de courses. Deux années furent particulièrement fécondes en fêtes : 1855 et 1867, dates des deux expositions universelles. Cette période florissante du XIXe peut être assimilée à cette société de plaisir qui régnait dans l'Antiquité au temps de l'empire néronien. En effet, ce raffinement, ce prestige, nous le retrouvons dans Quo Vadis ? Dans ce roman, les jeux et les spectacles offerts par Néron sont organisés à grande échelle pour affermir l'apparat impérial. En effet, Néron y voyait un « moyen d'asseoir [sa] popularité auprès des massesnote 1 ». Nous assistons à de nombreux banquets et festivités caractérisés par le faste, l'abondance, la richesse. Nous pouvons nous reporter au chapitre 7 où il est question du banquet que donne Néron dans son palais. Pour amuser ses convives, l'empereur a organisé des spectacles de mimes, de danse, de chant, d'imitation et même un spectacle de joute.

L'époque de Néron a ainsi été ressentie par le public français comme semblable à la « fête » du Second Empire. Cependant, cette image de richesse, de pompe, est vite ternie et laisse place à des scènes bacchanales. Ces étalages de débauche sont multiples : il n'est pas de banquets ou de réceptions qui ne finissent en orgie. C'est notamment le cas lors de la fête à l'étang d'Agrippa. De nombreuses jeunes filles proposent aux invités leurs charmes. L'ambiance est à l'ivresse et à la débauche.

Le règne napoléonien a lui aussi été ressenti comme une époque de décadence comparable aux excès de la civilisation antique que nous venons d'évoquer. En effet, tandis qu'une partie de l'aristocratie, conservant son prestige social, se maintenait à l'écart avec ses traditions de tenue et de bon goût, la vie mondaine du Second Empire avait mauvaise réputation : elle est décrite comme le triomphe de l'immoralité, l'union du jeu et de la débauche.

Peut-être pas aussi tumultueux que le destin de la Pologne, le passé politique français connut de nombreux troubles dès 1870, année de la chute du Second Empire. Aux premières années dorées du règne napoléonien succédèrent des indices de crises. L'empereur vieilli et malade ne maîtrise plus la situation. L'évolution vers la chute du régime fut encore accélérée par les échecs de la France en matière de politique étrangère (affaire mexicaine, la « dépêche d'Ems »). Le 19 juillet 1870, la France déclara la guerre à la Prusse. Cette guerre-éclair fut favorable aux Prussiens qui battirent les Français à Sedan, le 2 septembre 1870. Dès la nouvelle de la défaite et de la capture de Napoléon III parvenue à Paris, un gouvernement provisoire de la République fut mis en place : le Second Empire était mort.

A travers cet exposé de la situation politique de la fin du siècle, nous comprenons pourquoi le XIXe siècle finissant fut appréhendé comme une fin de civilisation comparable à la chute de l'Empire romain. Celui-ci ne s'effondra-t-il pas, comme le Second Empire, quand il perdit la prédominance économique ? C'est pourquoi, au XIXe siècle, le lectorat français a vu dans Quo Vadis ? une analogie entre le déclin romain et la chute du Second Empire. Cet ébranlement a été ressenti comme l'expression du malaise politique « fin de siècle » (la Troisième République s'installa au prix de la tragédie de la « semaine sanglante » sous la Commune de Paris) mais aussi de l'angoisse d'une possible transition entre un temps de prospérité et un marasme politique et économique. Mais une autre analogie frappante, que les Français ont perçu, concerne la religion.

Biographie

Contexte

Réception

Traduction

Etude

  1. Représentation fidèle de l'Antiquité
    1. Point de vue historique
      1. La fascination de l'histoire
      2. L'exactitude historique
    2. Point de vue géographique
      1. L'espace extérieur
      2. L'espace intérieur
    3. Point de vue socioculturel
      1. La couleur locale
      2. Les moeurs
  2. Poétique de la restitution
    1. L'imagination créatrice
      1. Imbrication fiction/histoire
      2. La réécriture
    2. Un roman à multiples facettes
      1. Une représentation théâtrale
      2. Un mélange de tonalités
    3. Un oeuvre picturale
      1. Le jeu des couleurs
      2. La puissance d'évocation
  3. Antiquité et actualité
    1. La Pologne
      1. Symbolique de la Pologne opprimée
      2. Patriotisme et espoir
    2. La France
      1. Esprit français de Sienkiewicz
      2. Reflet d'un siècle finissant
    3. La question religieuse
      1. Un problème religieux actuel
      2. Réhabilitation du sentiment religieux