Contexte
Le courant positiviste.
Extrait de La fortune de Quo Vadis ? de Sienkiewicz en France de Marja KOSKO :« L'oeuvre de Sienkiewicz marque une réaction idéaliste contre le réalisme de son époque. Ses débuts littéraires coïncident avec la naissance du mouvement complexe, connu sous le nom de « positivisme », qui était en même temps une tendance littéraire, analogue au réalisme français, et une attitude politique. Après l'écroulement du rêve d'indépendance, noyé dans le sang des insurgés de 1863, on renonçait aux luttes sanglantes ; une sorte d'inertie s'était emparée du pays, succédant aux espérances qu'avaient su entretenir les grands poètes du messianisme polonais. Oublier le passé infortuné, guérir le pays de son romantisme « impuissant », pour reconstruire, à l'aide de réformes sociales, un présent dont serait, pour un temps, écartée la pensée de recouvrir immédiatement l'indépendance, - voilà le but que se proposait la génération des « positivistes ». Et la littérature issue de cette attitude de résignation, et formée d'autre part sous l'influence des philosophes français de l'école d'Auguste Comte, ne pouvait être qu'une littérature pessimiste. Les premières nouvelles de Sienkiewicz, notamment ses Esquisses au fusain, en sont une expression parfaite.
Cependant, foncièrement optimiste, idéaliste par tempérament et imbu du catholicisme le plus traditionnel, Sienkiewicz abandonna bientôt les tendances de sa jeunesse pour opposer, dans sa vaste épopée nationale, l'énergie héroïque d'un passé glorieux au morne abattement où s'enlisait peu à peu la nation sous l'influence du positivisme. Il s'éloigna ainsi du mouvement des « jeunes », dont certains s'acharnèrent par la suite à le combattre.»